Les Primitifs se retournent vers la survie en nature

Les Primitifs se retournent vers la survie en nature

Cet article est d’abord paru dans l’édition de mars 2016 de Life in Québec Magazine.LIQ_Mag_Mar2016_Cover_final

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Par Michael Bourguignon

Hé, les enfants! Fermez vos cellulaires et écoutez. Vous allez peut-être apprendre quelque chose qui pourrait vous sauver la vie.

« Les enfants d’aujourd’hui sont tellement déconnectés de la nature, » dit Philippe Laberge, et en tant qu’éducateur d’enfants, il le saurait.

« Je me souviens avoir été en nature avec un groupe d’enfants et une fois un des gars m’a demandé, ‘C’est quoi ce bruit?’ C’était l’écoulement d’une rivière. Il n’en avait aucune idée, » dit Laberge, un résident de Québec de 35 ans et un des environ 20 participants au plus récent cours de survie offert par Les Primitifs, un groupe d’enthousiastes de la nature qui montrent aux autres comment survivre en nature avec moins que rien.

Celui-ci a lieu à la Base de plein air de Ste-Foy, sur 24 heures, et couvre le sujet du camouflage. Laberge est ici parce qu’il a déjà suivi le cours de base et est prêt à pousser ses habilités de survie au prochain niveau.

Il voudrait que tout le monde, même les enfants, apprenne ces habilités. Aujourd’hui, les seuls enfants du groupe sont ceux du cofondateur de Les Primitifs, Mathieu Hébert, et ils ne resteront pas plus longtemps que le mot d’ouverture. Cette classe en particulier pourrait être trop intense pour eux, suggère Hébert, dont les paroles du début sont un bienvenu sous caution :

« De 13h à 16h, on va se préparer avec des exercices, » il déclare, sérieux comme un sergent, mais projetant une chaleur laissant passer son souci pour ceux présents. « Vous allez prendre part à deux missions … Nous allons arrêter pour souper … On se revoit au prochain point de rendez-vous pour continuer les exercices jusqu’à 21h … Ensuite nous allons dans une zone hostile où il y aura des activités illicites … Ce soir nous pourrions faire 10 kilomètres, ou trois … »

Quand c’est le temps des questions, quelques-uns lèvent la main. Ce groupe a déjà fait ce trajet plus qu’une fois. Même, la plupart ont déjà fait le cours de camouflage l’été – et y ont évidemment survécu – et quelques-uns s’entrainent pour devenir enseignants eux-mêmes.

Hébert a lui-même commencé à apprendre à vivre en forêt étant jeune. Il a décidé de commencer à transférer ses connaissances aux autres après 27 semaines d’entrainement au Tom Brown Jr.’s Tracker School aux États-Unis – un programme mythique pour les survivalistes, même s’il est peu connu hors de ce monde.

« La clé, c’est de ne pas ressembler à ce que vous êtes, » dit le cofondateur de Les Primitifs, Simon Denis, à propos du cours de camouflage. En effet, plusieurs participants semblent sortis d’un film de Rambo; mais s’ils portent attention aux leçons, ils sembleront faire partie du décor – ou être carrément invisibles.

Nous sommes qu’a quelques minutes de la civilisation, alors à quoi tout ça sert? Ça dépend du participant.

« Je vis en forêt, » explique Laberge. « Si quelque chose arrive, je veux savoir comment me débrouiller et m’occuper de moi-même. Je ne veux pas être mal pris. »

Dominique Paradis, 36 ans, commence à parler des prévisions météorologiques – une conversation essentielle dans les circonstances, puisque le groupe passera la nuit dehors, dormant surtout dans des petits abris qu’ils construiront eux-mêmes.

Paradis espère des conditions plus froides.

« Quand il fait -10, c’est plus confortable que zéro, parce que quand la température augmente à zéro l’humidité fait perdre la chaleur plus rapidement. »

Paradis est venu de Montréal pour suivre ce cours de 24 heures, simplement par passion.

« Ça fait plusieurs années que j’aime faire du camping avec un minimum d’équipement, » il dit. « J’adore ça, c’est tout. »

Peu importe ce qui l’attire, Hébert compare ce qu’il fait à faire le pont avec nos ancêtres qui vivaient ainsi et pratiquaient ces talents de survie par nécessité. La preuve que leurs talents ont été utiles? Nous sommes là.

« Nos ancêtres, depuis la préhistoire, devaient affronter les dangers et trouver le moyen de survivre tous les jours, et je pense que c’est important de transmettre cette connaissance à nos enfants, » il dit.

Pour Hébert, cette connaissance est « presque sacrée », et constitue ce qu’il appelle une méditation active et une reconnexion à la nature; mais c’est aussi pratique parce que les participants en apprennent à propos d’eux-mêmes, comme le dit le cofondateur Denis, mais aussi à prendre soin des autres.

« Si quelqu’un se blesse ou se trouve dans une situation difficile, on arrête pour l’aider, » il dit. « Ce n’est pas du paintball, où quelqu’un se fait toucher et il est sorti de la partie. »

Ceux qui partagent son désir de reconnecter avec la nature, au moins comme Les Primitifs l’approche, viennent de toutes les sphères sociales, selon le cofondateur Denis.

« Nous avons des médecins qui suivent notre cours parce qu’ils veulent que leurs enfants découvrent la nature. Nous avons un couple d’architectes aujourd’hui, et je suis un fonctionnaire, » il dit. « C’est la preuve qu’on attire vraiment de tout le monde. »

Pour en savoir plus sur Les Primitifs, vous pouvez les retrouver sur Facebook. Vous ne les trouverez pas s’ils se cachent en forêt.

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Michael Bourguignon

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Michael Bourguignon is a language instructor, writer, editor, translator, narrator, and amateur stage actor. He is available for children's parties.

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